Comment éviter le chaos dans mon cours de science?
09 mai 2017
Les travaux scientifiques sont inévitablement bruyants, parce que nous voulons que les enfants :
◆ puissent parler librement, car cela leur est nécessaire pour élaborer leurs idées ;
◆ fassent de la recherche avec des objets.
Dans de nombreuses recherches, ce sont les objets eux-mêmes qui augmentent le niveau du bruit, comme lorsque des poids tombent dans une expérience sur la résistance. De plus, certains événements incitent les enfants à s’agiter. On ne peut éviter ce genre de bruit.
Également, un certain désordre est inévitable, parce que :
◆ Les objets de tous les jours nécessaires pour les recherches peuvent sembler mal rangés s’ils sont disposés de manière à être accessibles pour les enfants ; également, ils peuvent faire paraître la classe désordonnée lorsqu’ils sont utilisés pour faire des expériences.
◆ Les recherches empiriques produisent des objets qui deviennent éventuellement inutiles, qui accroissent temporairement le désordre et demandent à l’enseignante de surveiller la phase de rangement.
◆ Les liquides, même soigneusement manipulés, se renversent parfois.
Ces contraintes en découragent plusieurs, et cela est compréhensible, d’enseigner les sciences d’une façon authentiquement expérimentale. Les enseignantes hésitent à accepter et à affronter le bruit et le désordre relatifs, et ont peur que les enfants laissent tomber des objets. Ces inquiétudes sont justifiées mais, comme cela est évident dans les classes où les enseignantes ont l’habitude du travail de recherche, l’engagement envers l’approche l’emporte sur la crainte du chaos. Comment néanmoins réduire le risque de chaos ?
Acceptons-le, nous n’aurons pas une classe silencieuse et immaculée si nous voulons que nos élèves fassent des travaux scientifiques. Néanmoins, comme nous voulons que le bruit et le désordre demeurent dans des limites raisonnables, des stratégies sont utiles ; certaines sont évidentes, d’autres, plus subtiles.
Si ces travaux sont nouveaux pour les enfants, ils créeront moins de désordre et de bruit si :
◆ les premières séances ne comportent pas un trop grand nombre d’événements dramatiques ;
◆ les enfants peuvent avoir facilement accès au matériel nécessaire (voir la section précédente, p. 76) ;
◆ le nombre d’enfants qui réalisent des expériences augmente graduellement, et que les travaux de recherche ont été échelonnés dès le début.
Il est peut-être moins évident — mais crucial — d’avoir des idées claires sur la façon dont nous allons aider les enfants à découvrir et à utiliser de nouvelles façons de travailler. Les enfants à qui on demande de faire de la recherche sur des objets, mais qui n’en ont pas l’habitude, se demanderont sans doute pourquoi. L’incertitude engendre la confusion, et les enfants pourraient ainsi être amenés à accomplir contre leur gré une activité dont ils ne comprennent pas le sens. On peut éviter cet enchaînement d’événements négatifs en aidant les enfants à faire la transition entre l’ancienne et la nouvelle façon de travailler, plus précisément en leur faisant comprendre les tâches pratiques et en leur montrant comment utiliser les objets.
Comme l’indique le tableau 6.5, ce qu’on demandera aux élèves de faire sera substantiellement différent dans de nombreuses situations.
Le changement que l’on demande aux enfants d’accomplir dans leur façon de travailler est trop grand pour que la plupart d’entre eux y parviennent rapidement et sans aide. Nous pouvons faciliter cette transition en les aidant à travailler sur des questions ouvertes, jusqu’à ce qu’ils aient acquis l’expérience voulue.
De nombreux problèmes, par exemple la question « Quel... est le meilleur... pour...? », dépasseront au début les capacités de la plupart des enfants (à moins qu’ils ne trouvent de bonnes idées en discutant avec leur enseignante). Les groupes qui seront laissés à eux-mêmes acquerront de l’expérience en suivant les lignes directrices du tableau 6.6.
Certains enfants mettront au moins un trimestre pour passer de l’étape 1 à l’étape 3, mais cette séquence leur permettra d’apprendre à faire ce qu’on attend d’eux et réduira donc le risque de désordre.
Extrait de Vivre des expériences en sciences et en technologie avec des élèves du primaire, ERPI, 2000
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